La fin d'une civilisation, le début d'une autre, la soudaine
découverte par notre monde que, peut-être, il commence à devenir trop petit pour les hommes qui l'habitent, ce ne sont point tant les chiffres, les statistiques
et les révolutions qui me rendent ces vérités palpables que la réponse, reçue il y a quelques semaines au téléphone, alors que je jouais avec l'idée - quinze ans après - de retrouver ma jeunesse à l'occasion d'une nouvelle visite au Brésil:
p 17
Campeurs, campez au Parana. Ou plutôt non : abstenez vous.
Réservez aux derniers sites d'Europe vos papiers gras, vos flacons indestructibles et vos boîtes de conserves éventrées. Etalez-y la rouille de vos tentes. Mais, au de-là
de la frange pionnière et jusqu'à l'expiration du délai si court qui nous sépare de leur saccage définitif, respectez les torrents fouettés d'une jeune écume, qui dévalent
en bondissant les gradins creusés aux flancs violets des basaltes. Ne foulez pas les mousses volcaniques à l'acide fraîcheur;
p 175
Voici ce mythe :
quand l'Etre suprême, Gonoenhodi, décida de créer les hommes, il tira d'abord de la terre les Guana, puis les autres tribus; aux premiers, il donna l'agriculture en
partage et la chasse aux secondes. Le Trompeur, qui est l'autre divinité du panthéon indigène, s'aperçut alors que les Mbaya avaient été oubliés au fond du trou et les en fit
sortir; mais comme il ne restait rien pour eux, ils eurent droit à la seule fonction encore disponible, celle d'opprimer et d'exploiter les autres. Y eut-il jamais plus profond
contrat social que celui-là ?
p 210
Claude Lévi-Strauss - Alcor - Le blog de Roderick
TRISTES TROPIQUES Je hais les voyages et les explorateurs. P 9 Ce que d'abord vous nous montrez, voyages, c'est notre ordure lancée au visage de l'humanité. P 36 Je voudrais avoir vécu au temps des
http://alcor.over-blog.fr/article-claude-levis-strauss-38771939.html
Les hommes s'en vont admirer les cimes des montagnes,
les vagues énormes de la mer, le large cours des fleuves,
les côtes de l'Océan, les révolutions des astres,
et ils se détournent d'eux-même.
p 212
Pour moi, Seigneur, je m'exténue sur cette recherche,
et c'est donc sur moi que je m'exténue: je suis devenu
pour moi-même une terre de difficultés et d'excessives
sueurs. Car nous ne scrutons pas ici les régions célestes
nous ne mesurons pas les distances des astres,
ni ne cherchons les lois de l'équilibre de la terre.
C'est moi qui me souviens, et,moi, c'est mon esprit.
Que tout ce qui n'est pas moi soit loin de moi,
ce n'est point surprenant.
Mais qu'y a-t-il de plus près de moi que moi-même ?
p 219
Grande est la puissance de la mémoire !
Il y a un je ne sais quoi d'effrayant, ô mon Dieu, dans sa profonde
et infinie multiplicité. Et cela, c'est l'esprit; et cela,
c'est moi-même! Que suis-je donc, ô mon Dieu ?
Quelle est ma nature ? Une vie variée, qui revêt mille formes
et immense étonnamment.
Je parcours en tout sens ce monde intérieur,
j'y vole de-ci de-là, j'y pénètre aussi loin que possible,
sans rencontrer de limites. Tant est grande la force de la mémoire,
tant est grande la force de la vie chez l'homme, ce vivant condamné à mourir !
p 220
Apprendre de notre histoire
pour bâtir un avenir brillant
"I comb Jesus" n'est pas une BD mais plutôt un reportage graphique selon l'heureuse expression de Laurent Filippi
Stassen pose aussi la question de la mémoire du génocide pour des générations qui ne l'ont pas connu, qui n'en ont connaissance qu'à travers des formules toutes faites inlassablement ressassées. Mais quel sens cela a-t-il pour des générations qui ne l'ont pas éprouvé dans leur chair ?
Cette question possède une portée universelle, elle se pose pour chaque commémoration comme celle de la libération d'Auschwitz le 27 janvier 1945, ou pour le Viet-Nam avec le quarantième anniversaire de la chute de Saïgon le 30 avril 1975. Elle renvoie à la transmission du sens de notre histoire (celle de l'humanité dans son ensemble au sens d'une expérience universelle) et des valeurs dont elle est porteuse.
Le Rwanda a-t-il réussi la réconciliation des bourreaux et des victimes qui aurait fait 800 000 victimes (estimation de l'ONU) d'avril 1994 à juillet 1994 ? Dans "La stratégie des antilopes" Jean Hatzfeld a recceuilli le témoignage des acteurs de l'époque :
Marie-Louise Kagoyire:
«On a jugé des fauteurs dans les tribunaux. Ça représente une fraction des tueurs, une fraction quand même. Oui, il y a une justice après le génocide, mais de réconciliation.
Elle s'adapte au nombre de magistrats, de tueurs et de victimes, elle corrige les fauteurs et empêche les vengeances, elle se montre atténuante pour les tueurs et profitable à la bonne marche du pays. Elle est gratifiante pour l'avenir. Elle satisfait les autorités, les donateurs internationaux, et tant pis pour le chagrin des rescapés.»
Claudine Kayitesi:
«L'injustice mange la justice dans les tribunaux. Évidemment, ce n'est pas tous les tueurs qui méritaient l'exécution, mais tout de même une partie. Ceux qui ont brûlé vifs des nourrissons, ceux qui ont coupé à s'en casser les bras, ceux qui commandaient des expéditions de mille personnes, ceux-là devaient bien disparaître de nos existences. [État a décidé de les sauver. Si on m'avait demandé mon avis?J'aurais ordonné la fusillade des propagandistes, des meneurs décisifs. Ça n'a pas été fait, les étrangers ont influencé, les autorités se sont montrées flexibles pour favoriser la réconciliation nationale.
Pour nous, il devient impossible de soulager notre chagrin, même le ventre nourri. Au fond, la justice ne se préoccupe pas des sentiments des rescapés.»
Berthe Mwanankabandi:
«À quoi bon chercher des circonstances atténuantes à des gens qui ont coupé à la machette tous lesjours, même le dimanche ? Que peut-on atténuer ? Le nombre des victimes ? La manière de couper ? Les rires des tueurs ? Rendre justice serait tuer les tueurs. Mais ça ressemblerait à un autre génocide, ce serait le chaos. Les tuer ou les
punir d'une façon convenable: impossible; leur pardonner: impensable. Être juste est inhumain. «La justice ne trouve pas place après un génocide, parce qu'il dépasse l'intelligence humaine.
La méfiance sera toujours préférable à la peur.
"I comb Jesus", cinq récits graphiques sur l'Afrique de Jean-Philippe Stassen
En janvier 2015, les éditions Futuropolis publient "I comb Jesus"(Je peigne Jésus), la dernière "bande dessinée", ou plus exactement le dernier reportage
Un film de Yasemin Samdereli qui retrace l'histoire d'un émigrant turc venu s'installer en Allemagne avec sa femme et ses enfants. Le récit croise passé et présent à travers une narration qui commence au moment où parvenu à la retraite, le patriarche décide d'emmener tous ses descendants en Turquie, alors qu'il vient tout juste d'obtenir la nationalité allemande, au terme d'une trajectoire qui nous est donnée à voir comme une réussite. Car tout a bien fonctionné, entre un pays reconnaissant envers ses travailleurs émigrés qui ont su répondre au besoin de main d'oeuvre et des immigrants qui ont su s'intégrer jusqu'à devenir allemands et ne plus souhaiter rentrer au pays. Du gagnant gagnant donc, bien loin des réalités actuelles que connaissent une partie des émigrés dans un pays qui subit aussi une montée des groupes extrémistes et xénophobes. Cet aspect du film en réduit considérablement sa portée politique et socialece mais n'enlève pas, par ailleurs, l'humour de certaines scènes, ainsi que le plaidoyer convainquant pour une fraternité entre les fommes capable de fonder un vivre ensemble dans la différence, qui aurait pu en faire une comédie totalement réussie.
En Allemagne, le discours raciste se banalise
Le Monde | * Mis à jour le | Par Frédéric Lemaître (Dresde, envoyé spécial) Pegida, le mouvement des " patriotes européens contre l'islamisation de l'Occident " a réussi son pari. Lundi 15 ...
Un mouvement ultra-réactionnaire, islamophobe et raciste en Allemagne : Pegida
Depuis octobre 2014, il y a en Allemagne des manifestations contre " l'islamisation ". La première de taille à faire la „une" des médias avait été organisée par les " Hooligans gegen Salafi...
En Allemagne, les agressions racistes augmentent
Le chiffre du jour : 43%. C'est la hausse du nombre d'agressions à caractère raciste en Allemagne. Un chiffre d'autant plus étonnant que les sympathisants d'extrême droite sont de moins en moin...
http://fr.myeurop.info/2013/06/17/en-allemagne-les-agressions-racistes-augmentent-10227
Ancienne résidence d'été des princes de Monaco, le palais a été bâti
sur une ancienne propriété des moines de Lérins.
C'est le prince Honoré II de Grimaldi qui fit construire
un palais en 1610 sur la propriété. Après les confiscations et restitutions
de la période révolutionnaire, le palais fut acheté en 1863 par un entrepreneur
et transformé en casino jusqu'en 1876.
En 1896, c'est un américain Edward Philips Allis qui l'achète et qui demande
à Georg Tersling de lui redonner son cachet oublié.
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Musée des Beaux-Arts du Palais CarnolèsInstallé dans l'ancienne résidence d'été des princes de Monaco, le musée Carnolès abrite une collection de peintures du XIIIe siècle jusqu'à nos jou...
On avait adoré les Marx Brothers
mais on a détesté les Bush Brothers.
Pourtant, ces types auraient pu
être désopilants s'ils n'avaient été
à la tête de l'état le plus puissant du monde.
Au lendemain des attentats du 11 septembre 2001,
George W. Bush déclara :
" Je suis stupéfait. Stupéfait qu'il existe
tant d'incompréhension pour ce qu'est notre pays.
[...] Parce que je sais combien nous sommes bons."
Conférence de presse du président George W. Bush, 11 octobre 2001
Après ça, qui dira que Bush n'est pas un vrai et grand comique ?
"Ma vie entière n'a guère été qu'une longue rêverie".
p 16
Sans doute n'est-il pas sans importance que la conscience de soi
date pour Jean-Jacques de sa rencontre avec la littérature.
p 17
Dès l'origine, la conscience de soi est intimement liée
à la possibilité de devenir un autre
"Je devenais le personnage que je lisais".
p 17
"Je ne suis fait comme aucun de ceux que j'ai vu"
p 18
La mémoire remonte à une expérience originelle de la malfaisance de
l'apparence; Jean-Jacques en retrace la révélation « traumatisante », à laquelle il attribue une importance décisive : « Dès ce moment je cessai de jouir d'un bonheur pur. » A cet instant se produit la catastrophe la « chute » qui détruit la purete du bonheur enfantin. A dater de ce jour, l'injustice existe, le malheur est présent ou possible.
p 18
Le maléfice de l'apparence, la rupture entre les consciences mettent fin à l'unité heureuse du monde enfantin.
p 20
Dès lors, le paradis est perdu : car le paradis, c'était la transparence réciproque des consciences, la communication totale et confiante. Le monde lui-même change d'aspect et s'obscurcit.
p 19
La conscience se tourne vers un monde antérieur, dont el!e aperçoit tout ensemble qu'il lui a appartenu et qu il est à Jamais perdu. Au moment où le bonheur enfantin lui échappe, elle reconnait le prix infini de ce bonheur interdit,
p 22
Rousseau est l'un des premiers écrivains. (Il faudrait dire poètes) qui aient repris le mythe platonicien de l’exil et du retour pour l'orienter vers l'état d'enfance, et non plus vers une patrie céleste.
p 22
il y a l'intuition (ou l'imagination) d'une époque comparable à ce que fut l'enfance avant l'expérience de l'accusation injustifiée. L'humanité n'est alors occupée qu'à vivre tranquillement son bonheur. Un infaillible équilibre ajuste l'être et le paraitre. Les hommes se montrent et sont vus tels qu'ils sont. Les apparences extérieures ne sont pas des obstacles, mais des miroirs fidèles où les consciences se rencontrent et s'accordent.
p 23
Parce que l'homme est perfectible, il n'a cessé d'ajouter ses inventions aux dons de la nature. Et dès lors l'histoire universelle alourdie du poids sans cesse croissant de nos artifices et de notre orgueil, prend l'allure d'une chute accélérée dans la corruption : nous ouvrons les yeux avec horreur sur un monde de masques et d'illusions mortelles, et rien n'assure l'observateur (ou l'accusateur) qu'il soit lui-même épargné par la maladie universelle.
p 24
Parce que l'avènement du mal a été un fait historique, la lutte contre le mal appartient aussi à l'homme dans l'histoire.
p 24
Tiré de "Jean-Jacques Rousseau, la transparence et l'obstacle"
Jean Starobinski