On savait depuis Audiard que les cons ça osaient tout, c'était même à ça qu'on les reconnaissait...
On savait que Zeus avait la facheuse tendance à rendre fou ceux qu'il voulait perdre...
On savait, car les maximes de La Rochefoucauld (318) possèdent toujours un fond de vérité, que l'on trouve des moyens pour guérir de la folie, mais qu'on n'en trouve point pour redresser un esprit de travers...
On savait, même si Einstein en doutait pour l'univers, qu'il n'existait que deux choses infinies et que pour la bêtise, Larbaud nous avait prévenu qu'elle avait ceci de terrible, sa ressemblance, sa ressemblance seulement, un peu comme un célèbre soda avec l'alcool, à la plus profonde sagesse...
On savait, parce qu'il nous l'avait confié, que Pierre Desproges était fasciné par les détenteurs de vérité qui, débarrassés du doute, pouvaient se permettre de se jetter tête baissée dans tous les combats que leur dicte la tranquille assurance de leurs certitudes aveugles...
Mais l'on peut se poser la question, à l'instar de Minister AMER, en lisant Franz-Olivier Giesbert (éditorial du Figaro du 2 juillet) "Pourquoi tant de haine" ?
Les Nouveaux Chiens de Garde est un essai de Serge Halimi paru en 1997, c'est aussi un film de Gilles Balbastre et Yannick Kergoat réalisé en 2012
La nuit a effacé le monde pour que ça recommence et qu'on découvre cette page sur laquelle tout peut s'écrire à nouveau.
p 53
Certes, il est moins facile de recevoir que de donner.
p 172
Un monde qui ne sait plus réparer ses fautes, on ne sait pas comment l'aider à redevenir juste. Même ceux qui sont allés dans les montagnes pour y laisser leurs os, et qui ont dû rentrer. Vivre aujourd'hui, c'est ça.
Main dans la main, nous prenons, Khelil et moi, la direction de la maison. Bientôt, je nous sens escortés par des fantômes. Ce sentiment, je le connais, et aussi cette proximité physique dont les esprits, mieux parfois que des êtres de chair, font preuve quand ils se mettent en tête de nous entourer de leur présence, s'agit-il d'un petit soldat venu à moi avec une cigarette, il y a déjà plus de trente ans et, qu'il vive encore, et vive ailleurs, rien ne l'empêche d'être toujours ici; s'agit-il de frères tombés, et sachant pourquoi ils sont tombés, là-bas, dans le maquis1, ou leur tenant compagnie; ou d'une Adra ; d'une Yamna2; ils ne nous abandonnent pas, même sous un soleil sans mesure d'arrière-saison comme celui-ci. Et s'il me semble par moments qu'ils le font, qu'ils nous délaissent, cela ne saurait être qu'oubli de ma part, sommeil des sens. Ils ne nous quittent jamais. Je peux les entendre rire dans mon dos quelquefois, et quelquefois pleurer.
p 180 - 181
1 : La guerre d'Algérie
2 : La fille du narrateur, mère de Khelil, décédée et la femme du narrateur décédée elle aussi.
Et puis la très belle nouvelle éponyme qui aborde de façon voilée, le thème de l'amour entre un frère Nédim et une soeur Beyhana
Comment peut-on ne pas l'aimer ? Nédim cherchait à savoir. Ça l'avait, d'un coup, empoigné à la gorge et il eût fallu que la parole vînt à son aide. Mais il n'y avait pas de paroles pour cela. Il garderait ce mal pour lui
p 71
Nédim : Un pas, puis un pas, cette marche me reconduira vers moi-même; je finirai par me rencontrer ; par rencontrer la bête qui se nourrit de moi ; bête amoureuse, elle m'a déjà rongé les yeux, rongé le cerveau, rongé le cœur ; je finirai, investi par elle ; elle se prendra pour moi et tous deux nous finirons sous une neige noire qui nous couvrira, avant de tout rendre à l'innocence blanche. Je vois ... Non, je ne vois rien.
p 100
Retrouvez l'intégralité du discours d'Alexis Tsipras devant le Parlement européen, mercredi 8 juillet
« Nous avions choisi de donner la possibilité aux Grecs de s’exprimer pour décider de leur avenir. Nous nous efforçons de trouver une solution durable et juste à la question grecque en évitant les écueils du passé, une solution sans austérité extrême qui condamne l’économie à un cercle vicieux.
Le choix du peuple grec fut courageux, surtout dans des conditions très difficiles, où la campagne médiatique avançait que le non revenait à choisir l’affrontement et la rupture avec l’Europe. Mais le choix du peuple grec n’était pas celui de la rupture avec l’Europe, il était celui du retour aux principes fondateurs de l’Europe : la démocratie, la solidarité, le respect mutuel et de l’égalité.
Le message est clair : l’Europe sera démocratique ou ne survivra pas aux heures difficiles que nous traversons. Le gouvernement grec négocie avec ses partenaires pour obtenir une confirmation du respect des règles de fonctionnement de l’Europe et le respect plein et entier du choix démocratique des peuples.
Mon gouvernement et moi-même avons pris nos fonctions il y cinq mois et demi. Mais les plans de sauvetage ont commencé il y a 5 ans et demi ! J’assume pleinement la responsabilité de derniers mois écoulés. Mais la responsabilité de la situation actuelle ne trouve pas sa source dans ces 5 mois écoulés.
Je veux vous assurer que le peuple grec a fait des efforts d’ajustement extrêmement importants ces dernières années, efforts qui ont épuisé la résistance de la population. Évidemment, la Grèce n’est pas la seule dans ce cas, d’autres pays se sont trouvés face à des difficultés et je respecte les politiques qui ont été mis en œuvre dans ces pays.
Mais nulle part les programmes d’austérité n’ont été aussi durs et aussi longs qu’ils l’ont été en Grèce. Mon pays est devenu un champ d’expérimentation de l’austérité ces 5 dernières années. La réalité est que l’expérience a échoué. Le chômage, la pauvreté, la marginalisation et l’exclusion ont explosé, tout comme la dette publique, qui était à 120 % du PIB avant le début du programme contre 180 % aujourd’hui.
Aujourd’hui, une majorité du peuple grec estime ne pas avoir le choix : il faut rompre avec cette trajectoire sans issue. Ce choix s’est exprimé de la façon la plus démocratique et nous devons maintenant le concrétiser.
Nous souhaitons un accord avec nos partenaires, mais un accord qui montre une possibilité de sortie de crise, un accord qui montre qu’il y a de la lumière au bout du tunnel. Un accord, aussi, qui comporte des réformes nécessaires, personne ne le conteste.
Mais le fardeau devra être supporté par ceux qui peuvent le supporter, et qui ont été protégés ces 5 dernières années alors que le fardeau était supporté par les travailleurs, les retraités, ceux qui n’en peuvent plus. Il faudra des politiques de redistribution pour les plus vulnérables, pour aller dans le sens d’une croissance durable.
Ce que nous proposons, c’est un ensemble de réformes avec une juste répartition du fardeau, en couvrant les besoins de financement du pays et en mettant en place un programme qui puisse aboutir à la croissance, faute de quoi nous ne sortirons jamais de la crise. Notre premier objectif doit être de lutter contre le chômage et de renforcer les entreprises. Notre proposition doit aussi aboutir à un engagement pour une solution durable à la dette. Il ne doit pas y avoir de question taboue, nous devons chercher des solutions, si difficiles soient-elles.
C’est ce que nous avons proposé à l’Eurogroupe lors du sommet d’hier. Aujourd’hui, nous présentons une demande au mécanisme européen de stabilité. Dans les deux prochains jours, nous allons préciser nos propositions et j’espère que nous pourrons trouver une solution dans l’intérêt de la Grèce et de la zone euro. Je ne pense pas tant à l’intérêt économique qu’à l’intérêt géopolitique de l’Europe.
Que les choses soient claires, les propositions du gouvernement grec pour financer ses obligations et restructurer la dette ne visent pas à faire supporter cette charge par le contribuable européen.
Les fonds qui ont été attribués à la Grèce ne sont jamais arrivés au peuple grec, ils ont été affectés au sauvetage des banques. De plus, depuis août 2014, la Grèce n’a pas reçu de décaissement au titre du plan de sauvetage qui a expiré fin juin. 7,2 milliards d’euros ne sont toujours pas arrivés depuis août 2014, et à l’époque, nous n’étions pas au gouvernement. Le fonds s’accompagnait de la nécessité de rembourser 17,5 milliards d’euros sur la même période.
Ces fonds n’ont pas été versés parce que le programme n’était pas réalisé à l’époque. Et il ne l’était pas, non pas à cause du gouvernement, mais parce que le programme, à l’époque comme aujourd’hui, ne pouvait pas s’appuyer sur l’acceptation populaire. Il faut un consensus pour qu’un tel programme soit réalisable.
Je ne suis pas de ceux qui prétendent que tous les maux du pays sont à mettre sur le dos des étrangers. Si la Grèce est dans cette situation, c’est parce que pendant des décennies, les différents gouvernements ont pratiqué le clientélisme, en soutenant la corruption, sans contrôler la fraude fiscale des plus riches. 56 % des richesses nationales sont aux mains de 10 % de la population grecque. Au plus fort de l’austérité, ces 10 % ont été épargnés et n’ont pas contribué à supporter le fardeau.
Les programmes d’action et les mémorandums n’ont pas remédié à cette situation. Au contraire, le dispositif de perception des impôts s’est effondré malgré les efforts de certains fonctionnaires zélés mais intimidés. La collusion entre l’establishment politique, les oligarques et les banques est restée ; aucune réforme n’a amélioré le fonctionnement de l’appareil étatique, qui avait pris l’habitude de servir des intérêts particuliers plutôt que le bien commun. Nous en sommes arrivés là par le biais de ces prétendues réformes.
Nos réformes à nous ont des objectifs différents : nous voulons lutter contre le règne des oligarchies et des cartels, contre la fraude et l’évasion fiscales, nous voulons moderniser l’état, voilà nos priorités. Nous attendons l’accord de nos partenaires sur ces priorités.
Nous sommes porteurs d’un mandat fort du peuple grec. Nous sommes déterminés non pas à chercher l’affrontement mais à nous en prendre aux mentalités établies qui enfoncent la Grèce. Notre pays est à la croisée des chemins. La crise grecque n’est que l’impuissance de l’Europe à trouver une solution définitive à l’endettement qui s’auto-alimente. Il s’agit d’une question européenne et non pas exclusivement grecque.
À problème européen, il faut une solution européenne. L’histoire de l’Europe est une histoire de conflits qui finissent au bout du compte par des compromis. C’est aussi une histoire de convergence et d’élargissement, d’unité et non de division. C’est la raison pour laquelle nous parlons de l’Union européenne, ne la laissons pas devenir une division européenne.
Nous voulons trouver un compromis honorable pour éviter une rupture en opposition avec la tradition européenne. Nous sommes tous conscients des enjeux et nous sommes prêts à prendre nos responsabilités. »
Alexis Tsipras, premier ministre grec
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Yanis Varoufakis (@yanisvaroufakis) | Twitter
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