Un récit plaisant où les méchants
Julien de Trichère, Floss, le commandant Kortmann de la Kriegsmarine
sont pourris, mais avec une part d'eux même qui laisse
apparaître un reste d'humanité,
ils ont quelque chose en eux de Tennessee
qui les rend si ce n'est attachant
du moins pas aussi abject qu'on l'aurait cru,
on leur découvre un petit quelque chose
qui pourra les aider au moment de leur rédemption
sauf peut être Don Perez Escalona et Mme Tatcher
Scénario : Kraehn et dessin : Jusseaume
Le premier cycle se déroule en 1945 sur un liberty ship qui conduira Yann Calec
en Amérique du sud où il rencontrera Rosanna.
- Le piège
- Le bras de fer
- Le bateau assassiné
- Pour Hélène
La couverture du Tome 3 ressemble à une couverture d'un album de Tintin
Le deuxième cycle nous transporte en Afrique et nous fait découvrir que le méchant n'est pas toujours celui que l'on pense :
- La route de Pointe-noire
- La piste de Kibangou
Quant au troisième cycle c'est l'Indochine des années 50 qui sert de toile de fond. Calec y a rendez-vous avec son passé incarné par son père qui était une sorte de seigneur de guerre en Cochinchine. C'est la partie la plus discutable du cycle, au sens ou domine un certain parti pris en faveur des colonisateurs et une vision assez négative des "Viets".
Cela donnera envie aux plus curieux de revisiter cette histoire où se mêle l'amour et la haine pour un pays fascinant.
- Escale dans le passé
- La sale guerre
- Le trésor du Tonkin
La préface de J.L. Truc qui tient un blog sur la BD "ligne clair" : link
Le "mal jaune", c'est le journaliste baroudeur et roman-
cier Jean Lartéguy qui trouva la formule et en fit le titre
d'un bouquin. Elle résumait en deux mots l'attachement
ancré à jamais en tout homme qui avait eu le bonheur -
ou le malheur - de poser un jour le pied en Indochine.
Qui se souvient en 2007 que l'appellation Indochine
englobait, en plus du Vietnam, le Cambodge et le Laos,
au temps pas si béni de nos colonies ?
Jean-Charles Kraehn et Patrick Jusseaume auraient donc
été touchés par ce mal à leur insu ? On comprend ainsi
pourquoi, après un séjour qui les mena à titre personnel du
nord au sud du Vietnam, de l'incontrôlable ex-Saigon à la
prude Hanoi', ils éprouvèrent soudain le besoin irrésistible
d'envoyer leur héros, Calée, bourlinguer sur son cargo en
mer de Chine pendant cette guerre sans fin qui, de 1945 à
1954, verra la France, sur la terre vietnamienne, perdre une
partie de ses illusions. Et laisser la place - après la chute de
Diên Bien Phu - aux Américains, ces Gl qui auront pour
devise et consigne de ne jamais aimer le Vietnam comme
nous Français l'avions aimé. On sait la suite.
Tous, anciens soldats du corps expéditionnaire français
souvent issus des combats de la Libération partis se
battre en Extrême-Orient, fonctionnaires, petits Blancs
ou riches planteurs, j'en ai interviewé des dizaines. Tous
- mais la plupart l'avaient déjà fait depuis l'ouverture du
pays au tourisme - auraient pris sans regret le premier
avion pour repartir, leur âme à jamais "jaunie" par cette
Indochine qui ne cessait de les hanter. Comme Calée sur
les traces de son père, ce seigneur de la guerre dont il
va découvrir le vrai visage.
Dans les rues de Cho Lon, sur les diguettes ou dans la
jungle des hauts plateaux, Calée, mené avec passion par
Kraehn et Jusseaume, poursuit sa quête. On met ses pas
dans les siens et les leurs, charmé, envoûté, séduit. Tout
colle, les détails, je le sais, sont authentiques dans ce
périple où l'aventure et l'Histoire se rejoignent. Ce mal
jaune finalement serait-il contagieux, même pour ceux qui
n'ont jamais eu la chance d'aller au Vietnam ? Allez savoir
ce qui peut arriver quand on ose prendre l'Asie pour décor.
Jean-Laurent TRUC
journaliste