Kendra Morris - Banshee
Nous ne pouvons pas tous être les maîtres
et les maîtres ne peuvent pas tous être fidèlemlent servis.
En effet, seigneur, aussi vrai que vous êtes Roderigo,si j'étais le More,
je ne voudrais pas être Iago.
En le servant, je ne sers que moi-même.
Je ne suis pas ce que je suis.
Acte I - scène première
Un être comme toi fait pour effrayer et non pour plaire.
Acte I - scène trois
Gémir sur un malheur passé et disparu
est le plus sûr moyen d'attirer un nouveau malheur.
Les mots ne sont que des mots, et je n'ai jamais ouï dire
que dans un coeur meurtri on pénétrât par l'oreille...
S'il est vrai que la vertu a tout l'éclat de la beauté,
vous avez un gendre plus brillant qu'il n'est noir.
Notre corps est notre jardin,
et notre volonté est notre jardinier.
Il y a dans la matrice du temps bien des évènements
dont il va accoucher.
Il faut que l'enfer et la nuit
produisent à la lumière du monde ce monstrueux embryon !
Acte II - scène première
Quand les démons veulent produirent les forfaits les plus noirs,
ils les présentent d'abord sous des dehors célestes.
Acte III - scène première
Oh prenez garde, monseigneur, à la jalousie !
C'est le monstre aux yeux verts qui produit l'aliment dont il se nourrit.
Car elle avait des yeux, et elle m'a choisi !
Acte III - scène trois
L'honneur est une essence qui ne se voit pas;
beaucoup semblent l'avoir, qui ne l'ont plus.
Acte IV - scène première
Alejandra Felmer alias Alex June
La mort du Feu
Les Oulhamr fuyaient dans la nuit épouvantable. Fous de souffrance et de fatigue, tout leur semblait vain devant la calamité suprême : le Feu était mort. Ils
l’élevaient dans trois cages, depuis l’origine de la horde ; quatre femmes et deux guerriers le nourrissaient nuit et jour.
Dans les temps les plus noirs, il recevait la substance qui le fait vivre ; à l’abri de la pluie, des tempêtes, de l’inondation, il avait franchi les fleuves et
les marécages, sans cesser de bleuir au matin et de s’ensanglanter le soir. Sa face puissante éloignait le lion noir et le lion jaune, l’ours des cavernes et l’ours gris, le mammouth, le tigre et
le léopard ; ses dents rouges protégeaient l’homme contre le vaste monde.
Toute joie habitait près de lui. Il tirait des viandes une odeur savoureuse, durcissait la pointe des épieux, faisait éclater la pierre dure ; les membres lui
soutiraient une douceur pleine de force ; il rassurait la horde dans les forêts tremblantes, sur la savane interminable, au fond des cavernes. C’était le Père, le Gardien, le Sauveur, plus
farouche cependant, plus terrible que les mammouths, lorsqu’il fuyait de la cage et dévorait les arbres.
Il était mort !
Ca vous prend aux tripes un truc comme ça...
Des générations de mômes se sont longtemps couchés de bonnes heures
super angoissées et parfois leur bougie éteinte, leurs yeux se fermaient si vite
pour essayer d'oublier les images de la horde en fuite et livrée à la nuit...
Arhhhg z'auraient mieux fait de lire du Proust les pauvres mioches...
"La guerre du feu" est un roman écrit et publié en 1911 par deux frères Joseph Henri Honoré Boex
et Séraphin Justin Boex qui ont trouvé plus simple de signer J-H Rosny.
Comme on les comprend.
Vous demandez qui parle, ou moi, ou lui. Anthoine
ou l'autre, la première ou la troisième personne, l'acteur
ou le témoin, l'homme ou le scribe, celui qui ne se voit
plus dans le miroir ou celui qui a choisi d'être miroir
de cet homme, et comment distinguer, par rapport à
Fougère même, les sentiments de l'un ou l'autre envers
elle, lui ou moi.
Est-ce que je sais qui je suis...
p 78
On ne peut pas tout de suite comprendre
des choses qui sont faites pour être comprises
indéfiniment.
p 246
Voilà la définition des choses que j'aime :
ce sont celles dont je ne parle pas, dont
j'ai envie de parler, et dont je n'arrive pas à parler.
p 252
Vous savez que ce qui me porte
ou me pousse, m'oblige à écrire,
c'est l'émotion que procure le mutisme
des choses qui nous entourent.
p 231
Mais nous devons, pour exprimer notre sensibilité au monde extérieur,
employer ces expressions qui sont souillées par un usage immémorial,
souillées et épaissies et rendues plus lourdes, plus graves, plus difficiles à manier.
p 281
et encore un p'tit coup de Blood Orange
c'est si cool...
.
.
.
C'est ainsi qu'ils avaient commencé à flâner dans un Paris fabuleux, se laissant conduire par les signes de la nuit.
p 29
Seules les illusions étaient capables d'entraîner leurs fidèles, les illusions et non les vérités.
p 58
Ecoute dit Oliveira. Tu sais très bien que le vertige m'a toujours empêché de m'élever dans l'échelle sociale. Au seul nom de l'Everest c'est comme si on me pinçait les couilles. Je déteste beaucoup de gens, crois moi, mais personne comme le sherpa Tensing.
p 256
J'aurais lu un livre libérateur ou je serais tombé amoureux d'une autre femme... Ces plis de la vie, tu comprends ces manifestations inattendues d'une chose qu'on ne soupçonnait même pas et qui soudain mettent tout en question.
p 284
Qu'est-ce en somme que cette histoire de découvrir un royaume millénaire, un éden, un autre monde ? [...]
C'est à dire un monde satisfaisant pour personnes raisonnables. Mais restera-t-il dans ce monde un être, un seul, qui ne sera pas raisonnable ? [...]
On peut tuer tout sauf la nostalgie du royaume, nous la portons dans la couleur de nos yeux, dans chaque amour, en tout ce qui, au plus profond de nous-mêmes, nous tourmente, et nous libère, et nous trompe.
p 395
Une aptitude instantanée à sortir de moi-même pour m'appréhender aussitôt du dehors, ou du dedans mais sur un autre plan, comme si j'étais quelqu'un qui me regarde
mieux encore - car en réalité je ne me vois pas : - comme quelqu'un qui serait en train de me vivre.
p 420
Ce que beaucoup de gens appellent aimer consiste à choisir une femme et à l'épouser. Comme si l'on pouvait choisir dans l'amour.
p 442
La musique est signée Haim, des soeurs (Danielle, Alana et Este)
Lorsque enfin nous arrivâmes à Bonbon Palace, elle se mêla aux déménageurs à l'arrière du camion et ne cessa de courir d'un endroit à l'autre, tout excitée, avec son bout de jupe de la taille d'un kleenex, qui servait moins à vêtir qu'à exhiber son affreux gros cul.
p 196
Elle était incomparablement plus séduisante qu'Ethel. De longues et jolies jambes, un teint lisse et clair, des dents comme des perles, des seins pétris selon les règles de la dialectique : sur un grand corps, de petits seins fermes pouvant tenir dans une paume.
p 214
Elle souffrait de la maladie incurable de ceux qui, dès leur plus jeune âge, réalisent combien leur enfance est merveilleuse et commencent leur vie en plaçant la barre très haut... A présent, tout ce que la vie pouvait lui offrir d'agréable et toutes les personnes qu'elle pourrait rencontrer étaient voués à rester en dessous de ce seuil et dans l'ombre de son grand-père. Or, ces gens n'avaient même pas conscience de cette incomplétude, et c'est bien là que résidait le problème : la perfection du bien. Ceux qui croyaient sans réserve à leur propre bonté étaient dans une situationb bien plus critique que les gens mauvais, parce qu'ils se considéraient comme parfaitement achevés.
p 230
L'endroit le plus érotique d'un corps
n'est-il pas là où le vêrtement baille ?
Dans la perversion, c'est l'intermittence
comme l'a bien dit la psychanalyse, qui est érotique :
celle de la peau qui scintille entre deux pièces;
c'est ce scintillement même qui séduit, ou encore :
la mise en scène d'une apparition-disparition.
Roland Barthes - Le plaisir du texte p 19
L'inspecteur, celui qui a fouillé ma voiture à la recherche de fragments d'os, le mec qui avait vu tous ces gens se faire sectionner la tête par des vitres de portière à moitié ouvertes, il revient un jour pour me dire qu'il ne reste plus rien à trouver. Les oiseaux, les mouettes, peut-être aussi les pies. Ils avaient pénétré dans la voiture là où elle était garée, par la vitre cassée. Les pies ont mangé tout ce que l'inspecteur appelle les tissus mous devenus pièces à conviction. Les os, elles les ont probablement emportés.
- Vous savez, mademoiselle, pour les casser sur les rochers. Pour la moelle
Sur le bloc-notes, j'écris
ha, ha, ha.
p 61
Rien qu'à voir son laquage de cheveux, il y a un trou dans l'ozone au-dessus de l'Académie de Mannequins Taylor Roberts.
p 81
Saut à suivre jusqu'à Manu qui me regarde faire cette pub commerciale. Nous étions si beaux. Moi avec un visage. Lui pas aussi plein d'oestrogènes conjugués.
Je croyais que nous formions une vraie relation amoureuse. Si, c'est vrai. J'étais très investie dans l'amour, mais il s'agissait juste de ce truc de sexe long, long, qui pouvait s'arrêter à tout moment parce que, après tout, il ne s'agissait que de s'envoyer en l'air et de prendre son pied. Manu fermait ses yeux bleu foncé impérieux et tordait la tête, d'un côté puis de l'autre, un peu, si peu et déglutissait.
Et, Oui, je disait à Mans. J'ai joui exactement au même moment que lui.
Papotages sur l'oreiller.
Pratiquement tout le temps, vous vous dites que vous aimez quelqu'un alors que vous êtes simplement en train de vous servir de lui.
Ça ne ressemble qu'a ça l'amour.
P 228
Ce que tu fuis ne fait que rester en toi plus longtemps. Quand tu luttes contre une chose, tu ne fais que la rendre plus forte.
Brandy me dit "Fais les choses qui te font le plus peur."
p 258
Les "Anges de la Désolation" est écrit de 1956 à 1961 à Desolation Peak où Kerouac
reste seul 63 jours comme vigie pour surveiller les feux de forêt.
"Bien loin au commencement du monde
était l'avertissement porté par le vent
que nous serions tous emportés comme fétus de paille."
p 94
"... mais aussi à la recherche de tout ça comme un mode de vie, c'est à dire une possibilité de voir le monde du point de vue de la solitude et de méditer sur le monde sans être imbroglié dans ses actions qui, à l'heure présente, sont d'une horreur et d'une abomination fameuses - Je voulais être un Homme du Tao, qui observe les nuages et laisse l'histoire faire rage au-dessous."
p 313
"Alors que faisons nous tous dans cette vie qui ressemble tant à un vide dénué de sens et qui pourtant nous prévient que nous allons mourir dans la souffrance, la décrépitude, la vieillesse, l'horreur - ? Hemingway disait que c'était une sale blague."
p 512
Tu connais bien ce qui nous fait mal Jack,
tu connais bien...