Louverture de la notion d'humain à une redéfinition future est une
donnée nécessaire au projet politique critique du mouvement international
pour les droits humains. On voit l'importance de cette ouverture
lorsque la notion même de l'humain est présupposée, quand elle
est définie à l'avance en des termes clairement occidentaux, très souvent
américains et de ce fait partiels et locaux. Le paradoxe est le suivant:
l'humain qui constitue le fondement des droits humains est déjà connu,
déjà défini alors qu'il est supposé être la base d'un système de droits et
de devoirs dont la portée est mondiale. Le passage du local à l'international
est une question majeure pour la politique internationale,
mais elle prend une forme spécifique pour le féminisme international.
Je voudrais vous suggérer qu'une conception anti-impérialisre, ou tout
au moins non impérialiste des droits humains internationaux doit
remettre en question ce qu'« humain» signifie et doit apprendre de ces
différentes définitions selon les espaces culturels. Les conceptions locales
de ce qui est « humain» ou même de ce que sont les conditions et les
besoins fondamentaux de la vie humaine doivent donc être soumis à une
réinterprétation, puisque la définition de l'humain varie en fonction des
contextes historiques et culturels dans lesquels l'humain est défini
différemment ou resignifié et où la définition de ses besoins et donc de
ses droits fondamentaux est elle aussi différente.
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