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13 juillet 2019 6 13 /07 /juillet /2019 07:17
Rébellion zapatiste

 

 

QUATRIÈME DÉCLARATION DE LA FORET LACANDONE 1996

 

Au peuple du Mexique,
Aux peuples et gouvernements du monde,
Frères,


Elle ne mourra pas, la fleur de la parole. Le visage invisible de celui qui la dit aujourd’hui peut mourir, mais la parole revenue du fond de l’histoire, du fond de la terre, la superbe du pouvoir ne pourra plus l’arracher. Nous sommes nés de la nuit. En elle nous vivons. Nous mourrons en elle. Mais la lumière sera demain pour tous, pour tous ceux qui pleurent la nuit, auxquels le jour est refusé, ceux pour qui la mort est un don, auxquels la vie est interdite. Pour tous, la lumière. Pour tous, tout. Pour nous, la douleur et l’angoisse, pour nous la joyeuse rébellion, pour nous le futur fermé, pour nous, la dignité insurgée. Pour nous, rien.


Nous luttons pour qu’on nous écoute et le mauvais gouvernement crie sa superbe et à coups de canon se bouche les oreilles.
Nous luttons par faim et le mauvais gouvernement offre plomb et papiers aux estomacs de nos enfants.
Nous luttons pour un toit digne et le mauvais gouvernement détruit nos maisons et notre histoire.
Nous luttons pour le savoir et le mauvais gouvernement distribue ignorance et mépris.
Nous luttons pour la terre et le mauvais gouvernement offre des cimetières.
Nous luttons pour un travail digne et juste, et le mauvais gouvernement achète et vend corps et hontes.
Nous luttons pour la vie et le mauvais gouvernement offre la mort comme avenir.
Nous luttons pour qu’on respecte notre droit de gouverner et de nous gouverner, et le mauvais gouvernement impose aux plus nombreux la loi des moins nombreux.
Nous luttons pour la liberté de la pensée et du chemin, et le mauvais gouvernement donne prisons et tombeaux.
Nous luttons pour la justice, et le mauvais gouvernement est plein de criminels et d’assassins.
Nous luttons pour l’histoire et le mauvais gouvernement offre l’oubli.
Nous luttons pour la Patrie, et le mauvais gouvernement rêve du drapeau et de la langue de l’étranger.
Nous luttons pour la paix, et le mauvais gouvernement annonce guerre et destruction.
Toit, terre, pain, santé, éducation, indépendance, démocratie, liberté, justice et paix. Tels furent nos drapeaux à l’aube de 1994.

Telles furent nos demandes pendant la longue nuit des 500 ans. Telles sont, aujourd’hui, nos exigences.
Notre sang, et notre parole, allumèrent dans la montagne un feu tout petit et nous l'avons porté vers la maison du pouvoir et de l'argent, des frères et soeurs d’autres races et d’autres langues, d’autres couleurs et de même coeur, protégèrent notre lumière et en elle burent leurs propres feux.


Vint le puissant pour nous éteindre de son souffle violent, mais notre lumière se grandit d’autres lumières. Le riche rêve d’éteindre la lumière source. C’est inutile, il y a beaucoup de lumières à présent, et toutes sont la source.


Le superbe veut éteindre une rébellion que son ignorance situe à l’aube de 1994. Mais la rébellion qui porte maintenant visage brun et langue véritable n’est pas née d’aujourd’hui. Avant, elle parla en d’autres langues, sur d’autres terres. Elle marcha dans bien des montagnes et bien des histoires, la révolte contre l’injustice. Elle a parlé déjà en langue náhuatl, en paipai, kiliwa, cucapa, cochimi, kumiai, yuma, séri, chontale, chinantèque, pamé, chichimèque, otomi, mazahua, matlazinca, ocuiltèque, zapotèque, soltèque, chatino, papabuco, mixtèque, cuicatèque, triqui, amuzgo, mazatèque, chocho, izcatèque, huavé, tlapanèque, totonaque, tepehua, popoluca, mixé, zoqué, huastèque, lacandon, maya, chol,tzeltal, tzotzil, tojolabal, mamé, téco, ixil, aguacatèque, motocintlèque, chicomuceltèque, kanjobal,jacaltèque, quiché, cakchiquel, ketchi, pima,tepehuan, tarahumara, mayo, yaqui, cahita, opata, cora, huichol, purépécha et kikapu. Elle parla et parle espagnol. La rébellion n’est pas affaire de langue, c’est affaire de dignité et d’être humains.


Si nous travaillons ils nous tuent, si nous vivons ils nous tuent. Il n’y a pas de place pour nous dans le monde du pouvoir. Si nous luttons ils nous tueront, mais ainsi nous nous ferons un monde où nous ayons tous notre place et puissions vivre tous sans la mort à la bouche. Ils veulent nous prendre la terre pour qu’il n’y ait plus de sol pour nos pas. Ils veulent nous voler l’histoire pour que l’oubli étouffe notre parole. Ils ne veulent pas de nous indiens. Ils nous veulent morts.


Pour le puissant, notre silence était son désir. En silence nous mourions, sans parole, nous n’existions pas. Nous avons lutté pour parler contre l’oubli, contre la mort, pour la mémoire et pour la vie. Nous luttons par peur de mourir la mort de l’oubli.
Parlant de son coeur indien, la Patrie retrouve dignité et mémoire.

 

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11 mai 2019 6 11 /05 /mai /2019 16:49

 

 

 

 

 

 

« Est-ce utile de parler ? Nos cris sont-ils chargés comme des bombes ? Notre parole sauve-t-elle la vie d’un enfant palestinien ? Nous, nous pensons que, oui, ça sert à quelque chose, que peut-être que nous n’arrêtons pas une bombe, que peut-être que notre parole ne se transforme pas en un bouclier blindé qui empêche que cette balle de calibre 5.56 mm ou 9 mm dont les lettres IMI, "Industrie militaire israélienne", sont gravées sur la cartouche, n’arrive à la poitrine d’une petite fille ou d’un petit garçon palestinien, mais que peut-être notre parole arrivera à s’unir à d’autres du Mexique et du monde et peut-être qu’en premier elle se convertira en un murmure, puis en une voix plus forte et enfin en un cri qu’on entendra à Gaza. »  
(Intervention du sous-commandant Marcos lors du Festival de la Digne Rage, janvier 2009)

 

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7 avril 2019 7 07 /04 /avril /2019 09:22

 

LA VÉRITÉ EST DANS LA RÉVOLTE

 

 


"Au-delà du démontage d’un épisode tragique – qui lui-même renvoie à une tragédie

beaucoup plus large – j’ai fait ce film en pensant à tous ces jeunes qui héritent du monde tordu que nous leur laissons et qui décident de résister. Ils sont plus nombreux qu’on ne le pense généralement.

Plutôt que de vieillir idiote, j’ai voulu aller vers eux. J’ai découvert qu’ils sont plus lucides et plus courageux que nous ne l’étions, sans doute car ils n’ont pas d’autre choix. Yonatan, le jeune anarchiste, me dit en souriant qu’on peut lutter sans espoir, que la résistance c’est la vie, que la vérité est dans la révolte. Il ne se rend pas compte de l’espoir immense que font naître ses paroles, sa beauté et son engagement ! Je viens du Moyen-Orient où ces choses sont peut-être plus évidentes qu’ailleurs, mais cela vaut pour le monde entier.

Citant encore Mahmoud Darwich, je dirai que la Palestine devient souvent une métaphore de l’état du monde lorsqu’on l’observe de près. Gaza n’est pas seulement le tombeau de Rachel Corrie et des centaines de civils qui y sont régulièrement assassinés : c’est un tombeau universel où l’humanisme tout entier est en train de sombrer."

 

Simone Bitton

 

 

Rachel Corrie née le 10 avril 1979, est une militante américaine pro-palestinienne et membre de l'International Solidarity Movement. Elle décède le 16 mars 2003 dans la bande de Gaza, durant la Seconde Intifada, ensevelie sous des amas poussés par un bulldozer israélien à proximité duquel elle manifestait.

 

 

 

 

Le film sur Rachel Corrie de Simone Bitton : lien

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11 décembre 2018 2 11 /12 /décembre /2018 20:36

Martin Luther King

    «Mais il ne me suffit pas de me présenter devant vous ce soir et de condamner les émeutes. Il serait moralement irresponsable de le faire sans condamner en même temps les conditions intolérables qui existent dans notre société. Ces conditions sont ce qui fait que les individus sentent qu’ils n’ont pas d’autre alternative que de se livrer à des rébellions violentes pour attirer l’attention. Je dois dire ce soir qu’une émeute est le langage de celui qui n’est pas entendu. Et qu’est-ce que l’Amérique n’a pas voulu entendre ? Elle n’a pas voulu entendre que les promesses de liberté et de justice n’ont pas été respectées. Elle n’a pas voulu entendre que de vastes segments de la société blanche sont plus préoccupés par la tranquillité et le statu quo, que par la justice et l’humanité.»

    — Martin Luther King Jr, « L’autre Amérique », 14 mars 1968.

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29 octobre 2018 1 29 /10 /octobre /2018 07:52

 

 

 

 

 

 

Quatre-cent jours enfermé dans une cellule. Quatre-cent jours privé de liberté.  Quatre-cent jours sans pouvoir voir sa femme et son fils. Salah Hamouri, avocat franco-palestinien, est sorti de la prison du Néguev dans laquelle il était incarcéré par les autorités israéliennes le 30 septembre 2017.

Outre ces 400 jours, le jeune homme avait déjà été emprisonné par Israël pendant sept ans, entre 2005 et 2011. Chaque fois, les autorités israéliennes le placent en détention administrative, un régime leur permettant d’emprisonner quiconque sans charges ni procès.  Plus de huit ans de la vie de cet homme de 33 ans sont ainsi partis en fumée.

Il n’y avait aucune charge, pendant treize mois, j’étais détenu tout en n’étant accusé de rien. Mon dossier est maintenu secret, ni les avocats ni moi même n’y avons accès. Il n’y a que les services de renseignement israéliens qui peuvent y accéder. Je pense que ce dossier est clairement vide mais que cette détention administrative est une pression pour m’obliger à quitter la Palestine.

 

 

 

 

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4 avril 2018 3 04 /04 /avril /2018 15:07

 

 

FILE – This April 15, 1964 file photo shows then Cuba’s Economic Minister Ernesto « Che » Guevara, left, with Algeria’s President Ahmed Ben Bella at Algiers Airport. Ahmed Ben Bella, a historic leader of its bloody independence struggle from France, died at his family home in Algiers on Wednesday, April, 11, 2012. (AP Photo, File)

 

 

Che Guevara était parti d'Alger lorsque eut lieu le coup dtat militaire du 19 juin 1965 contre lequel, d'ailleurs, il m'avait mis en garde. Son départ d'Alger, puis sa mort en Bolivie et ma propre disparition pendant quinze années doivent être étudiés dans le contexte historique qui marqua le reflux ayant suivi la phase des luttes de libération victorieuses. Ce reflux qui sonna le glas, après l'assassinat de Patrice Lumumba, des régimes progressistes du tiers monde et entre autres de ceux de Kwame Nkrumah, de Modibo Keita, de Sukarno, de Nasser, etc.

Cette date du 9 octobre 1967 inscrite en lettres de feu dans nos mémoires évoque une journée incommensurablement sombre pour le prisonnier solitaire que j'étais, alors que les radios annonçaient la mort de mon frère et que les ennemis que nous avions combattus ensemble entonnaient leur sinistre chant de victoire. Mais plus nous nous éloignons de cette date, quand s'estompent dans les mémoires les circonstances de la guérilla qui prit fin ce jour-là dans le Nancahuazu, plus le souvenir du Che est présent dans l'esprit de Ceux qui luttent et qui esrent. Plus que jamais, il s'insère dans la trame de leur vie quotidienne. Quelque chose du Che reste attaché à leur coeur, à leur âme, enfoui tel un trésor dans la partie la plus profonde, la plus secte et la plus riche de leur être, réchauffant leur courage, attisant leur énergie.

Ahmed Ben Bella "Le Monde Diplomatique" Octobre 1997

 

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4 avril 2018 3 04 /04 /avril /2018 14:34

 

 

 

 

Mais là où cette pédagogie possède, sans aucun doute, un intérêt certain, c'est dans le champ théorique. Nous vivons plongés dans la post-modernité, surtout en Europe. La post-modernité a laissé sans sens et sans direction historique l'être humain, auquel il ne reste que le désir de vivre à son gré. Le collectif n'est qu'un instrument qui permet à l'individu de résoudre individuellement ses problèmes personnels. Une pédagogie post-moderne repose sur l'individualisme existentialiste. Dans la post-modernité, rien ne vaut la peine de se sacrifier. Il ne reste que la stimulation sensorielle afin de ne pas s'ennuyer complètement. Adieu au sens collectif de l'histoire universelle; il ne nous reste que les petites histoires de chaque jour et de chacun...

p 179 Octavi Fullat i Genis in "Quinze pédagogues. Leur influence aujourd'hui" sous la direction de Jean Houssaye

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22 mars 2018 4 22 /03 /mars /2018 17:34
Mouvement du 22 mars - mai 68
Mouvement du 22 mars - mai 68

 

 

L'utopie y'a rien d'plus beau...

 

 

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8 décembre 2017 5 08 /12 /décembre /2017 18:38

 

 

L’universel désir d’être quelqu’un, d’être reconnu fonde l’atroce comique de notre époque et lui donne cette allure d’improvisation libre en milieu d’aliénés, de théâtre à ciel ouvert pour pathologies narcissiques de tous ordres. Détournons le regard de ce mauvais spectacle. Imaginons un être qui n’aurait pu fermer les yeux sur l’horreur du présent – ce canevas d’ennui, d’injustice, de bêtise, de séparation et de cynisme dont la police vient seule garantir la cohérence désastreuse –, un être qu’une sorte d’infirmité certainement, mais peut-être aussi quelque esprit de défi, aurait rendu inapte à rester en paix avec un tel état de choses, un être qui, en outre, aurait trouvé, jeune encore, dans l’émeute, le feu et la conspiration, l’exact contraire de ce qu’il voyait autour de lui : là, l’intelligence, le courage l’aventure, l’amitié et la vérité.

Un tel être – et il ne fait pas de doute qu’il y en a en nombre qui, à cette heure même, vivent et se cherchent – serait Blanqui, autant que Blanqui fut Blanqui.

Préface à "Maintenant il nous faut des armes" édition de la Fabrique

 

 

L’Enfermé : c’est le titre donné par Gustave Geffroy à la première biographie de Blanqui en 1887, titre justifié s’agissant d’un homme qui a passé plus de trente ans de sa vie en prison, sans compter les années d’exil. Mais enfermé, Blanqui l’est aussi dans l’oubli que le XXe siècle lui a creusé comme une deuxième tombe.

 

"Il n’existe entre les deux moitiés inégales de la société d’autre rapport que celui de la lutte, d’autre besoin que de se faire le plus de mal possible"

Auguste Blanqui «Allocution à la Société des Amis du peuple », 2 février 1832

 

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30 octobre 2017 1 30 /10 /octobre /2017 20:33
Rosa Luxemburg

 

 

La vie, donc. La vie, au risque de la perdre en son nom. Rosa, depuis sa prison: « La fraternité universelle des travailleurs est pour moi ce qu'il y a de plus haut et de plus sacré sur terre, c'est mon étoile, mon idéal, ma patrie, je préférerais renoncer à la vie plutôt que d'être infidèle à cet idéal.» Ce romantisme révolutionnaire n'est en rien une naïveté, mais bien plutôt une droiture. Façon, tout simplement, de prendre au sérieux ce que l'on affirme et défend, par la parole ou par l'écriture. Les écrits épistoliers de la prisonnière Rosa Luxemburg ont ceci d'irremplaçable qu'ils donnent à voir et à comprendre la vérité de cette forme d'engagement total pour la cause des opprimés, des exploités et des démunis, à rebours des vulgates conservatrices qui, proliférant de nos jours telle fumier sur les décombres du communisme réel, assimilent ces choix de vie à des folies criminelles.

Edwy Plenel introduction à "Lettres de Rosa Luxemburg, Rosa, la vie"
 

 

A Louise Kautsky

La vie joue éternellement à cache-cache avec moi. J'ai toujours le sentiment qu'elle n'est pas en moi, là où je suis, mais quelque part au loin.

p 36

 

A Louise Kautsky

Mais il faut bien pourtant que j'aie quelqu'un pour me croire quand je dis que si je virevolte dans le tourbillon de l'Histoire, c'est par erreur, et qu'au fond, je suis faite pour garder les oies. Tu dois me croire, tu m'entends ?

Et puis, je ne suis absolument pas d'accord quand tu m'écris sur un ton résigné que tu ne peux rien être pour moi. Mais si, tu es et tu dois être ... le port (excusez du peu !) où je peux courir me réfugier de temps à autre, quand le diable vient me chercher en catimini, pour que nous puissions bavarder et rire ensemble, et écouter Hans nous jouer les Noces de Figaro.

P 56

 

A Hans Diefenbach

Donc, attendez-vous à tout ! Je ne sais pas du tout ce que je vais devenir; je suis, vous le savez, une terre aux possibilités illimitées.

[…]

Et puis, ma compassion, comme mon amitié, ont des limites très claires: elles s'arrêtent à l'endroit exact où commence la bassesse. Mes amis se doivent de faire les choses bien, dans leur vie publique, et dans leur vie privée, y compris la vie très privée. Clamer publiquement de grandes phrases sur

la « liberté de l'individu », et dans le privé, obéir à la démence d'une passion et aliéner l'âme d'un homme - je ne le comprends pas, et je ne le pardonne pas.

P 74 - 75

 

A Mathilde Wurm

Te souviens-tu de ces lignes au dos de l'ouvrage du grand État-major qui relatait la campagne de von Trotha dans le Kalahari ?  « Et les râles des agonisants, les cris de démence des hommes qui mouraient de soif se perdaient dans le silence sublime de l'immensité. » Oh! Ce « silence sublime de l'immensité», où tant de cris se perdent sans avoir été jamais entendus, résonne en moi si fort qu'il n'y a pas dans mon coeur un petit coin spécial pour le ghetto: je me sens chez moi dans le monde entier, partout où il y a des nuages, des oiseaux et les larmes des hommes.

P 104 – 105

 

A Hans Diefenbach

D'ailleurs, tout serait beaucoup plus facile à vivre si je n'oubliais pas le commandement que je m'étais fixé dans la vie: l'essentiel est d'être quelqu'un de bon. Si on est bon, juste bon, tout se résout et se tient, et c'est bien mieux que toute l'intelligence et l'obstination du monde.

P 111

 

 

A Louise Kautsky

Et puis surtout, les nuages ! Quelle inépuisable source de ravissement pour deux yeux humains! Hier, samedi, dans l'après-midi, aux environs de cinq heures, j'étais appuyée à ma clôture de fil de fer qui sépare le petit jardin du reste de la cour, et je me faisais chauffer le dos au soleil en regardant vers l'est. Sur le fond bleu pâle du ciel s'élevait une montagne de nuages d'un gris très tendre, sur laquelle planait une faible lueur rosée; on aurait dit un monde très lointain où régnaient une paix, une douceur, une délicatesse infinies. C'était comme un sourire léger, comme un vague et beau souvenir d'une jeunesse lointaine, ou comme certains matins, quand on se réveille avec la délicieuse sensation d'avoir rêvé quelque chose de très beau sans arriver à se rappeler ce que c'était.

P 129

 

 

https://blogs.mediapart.fr/edwy-plenel/blog/290909/rosa-luxemburg-vivante

 

https://blogs.mediapart.fr/philippe-corcuff/blog/220909/rosa-luxemburg-1871-1919-des-contradictions-de-l-action-emancipatrice-aux-rivages-de-l-intimit

 

 

 

 

 

 

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