Les analyses que Roland Barthes développait dans "Mythologies" se prêtent admirablement à l'analyse de la rhétorique sarkosienne. Remplaçons "le mythe", par" le
discours du président de la République" et l'on verra s'éclairer d'un jour nouveau la logorrhée présidentielle...
Le mythe a un caractère impératif, interpellatoire [...]
c'est moi qu'il vient chercher ; il est tourné vers moi, je subis sa force intentionnelle.
p 210
Le mythe ne cache rien et il n'affiche rien ; il déforme.
p 215
Nous sommes ici au principe essentiel du mythe : il transforme l'histoire en nature.
p 215
Tout dans notre vie quotidienne, est tributaire de la représentation que la bourgeoisie se fait et nous fait des rapports de l'homme et du monde.
p 227
C'est pourtant par son éthique que la bourgeoisie pénètre la France : pratiquée nationalement, les normes bourgeoises sont vécues comme les lois évidentes d'un ordre naturel : plus la classe bourgeoise propage ses représentations, plus elles se naturalisent. Le fait bourgeois s'absorbe dans un univers indistinct, dont l'habitant unique est l'Homme Eternel, ni prolétaire, ni bourgeois.
p 228
Il est l'idéologie bourgeoise même, le mouvement par lequel la bourgeoisie transforme la réalité du monde en image du monde.
p 229
Le mythe a pour charge de fonder une intention historique en nature, une contingence en éternité.
p 229
Le mythe ne nie pas les choses, sa fonction est au contraire d'en parler ; simplement, il les purifie, les innocente, les fonde en nature et en éternité, il leur donne une clarté qui n'est pas celle de l'explication, mais celle du constat.
p 230
Le mythe abolit la complexité des actes humains, leur donne la simplicité des essences, il supprimer toute dialectique, toute remontée au-delà du visible immédiat, il organise un monde sans contradiction parce que sans profondeur, un monde étalé dans l'évidence, il fonde une clarté heureuse : les choses ont l'air de signifier toutes seules.
p 231
Le fondement du constat bourgeois, c'est le bon sens, c'est à dire une vérité qui s'arrête sur l'ordre arbitraire de celui qui la parle.
p 243
Tirés de "Mythologies" de Roland Barthes 1957