Sa poésie est marquée par l'expérience de la première guerre mondiale, par la mort de son fils en 1939 et par sa quête religieuse. Son sentiment de la soufrance des autres (lien avec Bukowski), de la solitude, de la fraternité, de la mort, du cosmos, s'exprime dès 1916 dans un langage soucieux d'authenticité, loin de toute complaisance esthétique.
La foi retrouvée ne le délivrera jamais del'angoisse devant le problème de la douleur et du mal.
Poésie 1 ; poésie italienne contemporaine n°62-63 dec 1978 - fev 1979
La poésie d’Ungaretti cherche une parole capable de racheter
un « ciel éteint », au-delà des « veines vides » du temps humain
Yves Bonnefoy
Et c'est là ma nostalgie
qui dans chaque être
m'apparaît
à cette heure qu'il fait nuit
que ma vie me paraît
une corolle
de ténèbres.
Les fleuves - L'allègresse
LA MADRE
Et quand il aura fait d'un dernier battement,
mon cœur, s'abattre le mur d'ombre,
Mère, pour me guider jusqu'au Seigneur,
comme autrefois tu me redonneras la main.
A genoux, décidée,
tu seras devant l'Éternel une statue,
ainsi qu'Il te voyait déjà
quand tu étais encore en vie.
Tu lèveras tes vieux bras, tremblante,
comme lorsque tu expiras
en disant: Mon Dieu, me voici.
Et ce n'est que lorsqu'Il m'aura pardonné
que te viendra le désir de me regarder.
Et tu te souviendras de m'avoir attendu
tellement, et dans les yeux tu auras
un soupir bref.
J'AI TOUT PERDU
J'ai tout perdu de l'enfance
jamais plus je ne pourrai
dans un cri perdre la mémoire.
Je l'ai enterrée l'enfance
dans la profondeur des nuits,
épée invisible à présent
elle me sépare de tout.
Je me souviens de moi
qui exultais d'amour pour toi,
et voici que je suis perdu
dans l'infini des nuits.
Désespoir qui sans cesse augmente
la vie ne m'est plus rien,
arrêtée au fond de la gorge
qu'une roche de cris.