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12 avril 2012 4 12 /04 /avril /2012 15:25

 

 

 

 

 

 

 

La mort du Feu


Les Oulhamr fuyaient dans la nuit épouvantable.

Fous de souffrance et de fatigue, tout leur semblait vain devant la calamité suprême :

le Feu était mort.

Ils l’élevaient dans trois cages, depuis l’origine de la horde ;

quatre femmes et deux guerriers le nourrissaient nuit et jour.

 

 

Dans la nuit des âges


Chaque jour, au déclin, les Oulhamr attendaient avec angoisse le départ du soleil.

Quand les étoiles seules demeuraient au firmament ou que la lune s’ensevelissait

dans les nuages, ils se sentaient étrangement débiles et misérables.

Tassés dans l’ombre d’une caverne ou sous le surplomb d’un roc, devant le froid

et les ténèbres, ils songeaient au Feu qui les nourrissait de sa chaleur et chassait

les bêtes redoutables.

 

 

 

Joseph Henri Boex (1856-1940) publie, sous le pseudonyme de J.-H. Rosny Aîné la Guerre du feu en 1911, inventant ainsi le roman préhistorique, ou, ce qu’il appelle lui-même, « le roman des âges farouches ».

 

 

Jean Jacques Anneau en fera un film

 

 

guerre-du-feu-1981-07-g.jpg

 

guerre-du-feu-1981-15-g.jpg

 

 

 

Rae Dawn Chong, actrice canadienne préta son corps comme Q'Orianka Kilcher

et Moon Bloodgood laissèrent le leur à la caméra de Terence Malik et de Marcus Nispel.

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4 février 2012 6 04 /02 /février /2012 22:52

 

 

 

 

 

 

"... parce qu'on n'y tiendrait pas compte du temps et d'une des formes qu'il revêt, l'oubli ;

l'oubli dont je commençais à sentir la force et qui est un si puissant instrument d'adaptation

à la réalité parce qu'il détruit peu à peu en nous le passé survivant qui est en constante contradiction avec elle.

Et j'aurais vraiment bien pu deviner plus tôt qu'un jour

je n'aimerais plus Albertine."

 

p 137 - Albertine disparue

 

 

 

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4 février 2012 6 04 /02 /février /2012 21:55

 

 

 

 

 

 

Marguerite-Duras.jpg

 

 

Un jour, j'étais âgée déjà, dans le hall d'un lieu
public, un homme est venu vers moi. Il s'est fait
connaître et il m'a dit : « Je vous connais depuis
toujours. Tout le monde dit que vous étiez belle
lorsque vous étiez jeune, je suis venu pour vous dire
que pour moi je vous trouve plus belle maintenant que
lorsque vous étiez jeune, j'aimais moins votre visage
de jeune femme que celui que vous avez maintenant,
dévasté. »

Je pense souvent à cette image que je suis seule à
voir encore et dont je n'ai jamais parlé. Elle est
toujours là dans le même silence, émerveillante. C'est
entre toutes celle qui me plaît de moi-même, celle où
je me reconnais, où je m'enchante.

Très vite dans ma vie il a été trop tard. À dix-huit
ans il était déjà trop tard. Entre dix-huit ans et vingt-
cinq ans mon visage est parti dans une direction
imprévue. À dix-huit ans j'ai vieilli.

 

P 7

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7 janvier 2012 6 07 /01 /janvier /2012 16:53

 

 

 

 

 

 

DURAS-Marguerite.jpg

 

 

L'écrasante actualité de cette femme dans ma vie. Je vais donc la chercher, je la prends, là où je crois devoir le faire, au moment où elle me paraît commencer à bouger pour venir à ma rencontre.

p 14

 

On devait ne jamais guérir tout à fait de la passion.

p 76

 

J'étais le seul à savoir, à cause de ce regard immense, famélique qu'elle avait eu pour moi en embrassant Tatiana, qu'il y avait une raison précise à sa présence ici.

p 78

 

Elle était étrangement incomplète, elle avait vécu sa jeunesse comme dans une sollicitation de ce qu'elle serait mais qu'elle n'arrivait pas à devenir.

p 80

 

Tatiana comme chaque jour a laissé s'installer la demi-pénombre du crépuscule et je peux regarder Lol V. Stein longtemps avant qu'elle ne s'en aille, pour ne plus jamais l'oublier.

p 85

 

Elle a un corps long et beau, très droit, raidi par l'observation d'un effacement constant, d'un alignement sur un certain mode appris dans l'enfance, un corps de pensionnaire grandie.

p 114

 

Il devait y avoir une heure que nous étions tous les trois, qu'elle nous avait vus tour à tour apparaître dans l'encadrement de la fenêtre, ce miroir qui ne reflétait rien et devant lequel elle devait délicieusement ressentir l'éviction souhaitée de sa personne.

p 124

 

Elle essaie d'écouter un vacarme intérieur, elle n'y parvient pas, elle est débordée par l'aboutissement, même inaccompli, de son désir. Ses paupières battent sous l'effet d'une lumière trop forte. Je cesse de la regarder le temps que dure la fin très longue de cet instant.

p 131

 

Ses yeux crèvent mes yeux.

p 164

 

J'ai abandonné la partie, je n'ai plus essayé de la mettre vivante dans la mort des choses.

p 172


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31 décembre 2011 6 31 /12 /décembre /2011 16:59

 

 

 

Par le biais de la fiction, c'est-à-dire par la construction d'un univers hypothétique habité par ces créatures « expérimentales» que sont les personnages, chaque grande œuvre romanesque découvre un nouvel aspect de l'univers réel dans lequel nous devons vivre, ou plutôt: elle dévoile cet univers - et partant notre propre vie - sous un aspect qui nous semble totalement inédit mais qui, une fois révélé, nous apparaît aussitôt comme une vérité sans laquelle nous ne pourrions plus comprendre qui nous sommes ni comment nous vivons, Cervantès: le monde comme espace de l'errance et de l'illusion indéfinies, Balzac: le monde comme théâtre. Flaubert: le monde comme ennui. Kafka : le monde comme labyrinthe. Et ces nouvelles perceptions apportées par chaque œuvre singulière, l'histoire du roman les fait aussitôt siennes, les incorporant à ses acquis et à ses visées propres, les inscrivant pour de bon sur la carte de son territoire esthétique, afin qu'elles s'ajoutent au patrimoine commun que partagent tous les romanciers, ceux d'autrefois comme ceux de demain. Ainsi, les découvertes de Kafka n'annulent pas celles de Cervantès ni ne les remplacent; les unes et les autres, au contraire, entrent en résonance, elles se conjuguent, s'éclairent, se précisent mutuellement, si bien que l'œuvre de Kafka apparaît comme une nouvelle figuration de l'errance et de l'illusion indéfinies, tandis que celle de Cervantès accueille, en retour, l'image du monde-labyrinthe comme l'une de ses significations restée inaperçue jusque-là.
Par-delà les siècles et les pays, Don Quichotte devient l'ancêtre et le fils de Joseph K.
Or la découverte, ou l'une des découvertes essentielles de l'œuvre de Kundera, l'hypothèse centrale qui préside à sa naissance et à son déploiement, c'est justement la perception - ou plutôt: l'expérience - du monde comme espace dévasté. Ce thème, on peut dire que tous les romans de Kundera sans exception en font le récit à leur manière, un récit qui chaque fois le réactualise, en interroge de nouveau la signification et en étend la portée, comme si toute l'entreprise romanesque était une inlassable variation sur sa propre origine, la réassumation perpétuelle de l'événement mental qui l'a fait naître et que chaque œuvre nouvelle a besoin de ressaisir et de méditer encore pour qu'il ne s'épuise jamais.
 Mais La plaisanterie (avec certaines parties de "Risibles amours" comme « Personne ne va rire» ou « Édouard et Dieu ») possède cette clarté et cette exemplarité toutes particulières qui marquent souvent l'œuvre inaugurale d'un romancier et en augmentent d'autant plus la valeur à nos yeux que la découverte ne sy présente pas encore comme accomplie, ainsi que cela se passera par exemple pour le quadragénaire de La vie est ailleurs, la Tamina du Livre du rire et de l'oubli ou l'Agnès de L'immortalité, mais bien comme une prise de conscience ou une conversion qui s'accomplit sous nos yeux, c'est-à-dire comme un apprentissage.

 

 

Postface de François Ricard
A la plaisanterie de M. Kundera

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9 décembre 2011 5 09 /12 /décembre /2011 21:02

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Ainsi avec le temps, aimer devint une douleur

 

p 292 - Colloque entre Monos et Una

 

 

 

 

 

 

 

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6 décembre 2011 2 06 /12 /décembre /2011 21:02

 

 

 

 

 

Le chat noir

 

Cependant, aussi sûr que mon âme existe, je crois que la perversité est une des primitives implusions du coeur humain, - une des indivisibles premières facultés, ou sentiment, qui donnent la direction au caractère de l'homme.

 

C'est ce désir ardent, insondable de l'âme de se torturer elle-même - de violenter sa propre nature, - de faire le mal pour l'amour du mal seul, - qui me poussait à continuer, et finalement à consommer le suplice que j'avais infligé à la bête inoffensive.

 

p 17

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2 décembre 2011 5 02 /12 /décembre /2011 21:03

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Imaginez « ... un monde plein de vagabonds, leur sac sur le dos, des « dharma bums » refusant de se plier à la demande générale : de consommer ce qui est produit et de devoir travailler pour le privilège de consommer toute cette merde dont ils ne veulent pas de toute façon, des réfrigérateurs, des télés, des voitures, du moins des voitures dernier cri, des crèmes pour les cheveux et des déodorants, et toutes les saloperies que tu finis par retrouver à la poubelle une semaine plus tard, tous prisonniers dans un système de travail, production, consommation,   travail,   production, consommation. J'ai la vision d'une révolution des routards, des milliers ou même des millions de jeunes américains vagabondant leur sac au dos, grimpant dans les montagnes pour prier, faisant la joie des enfants et la fierté  des  aînés,  rendant  les jeunes filles heureuses et les vieilles filles encore plus heureuses, des allumés du Zen écrivant des poèmes qui semblent naître dans leurs cerveaux déréglés,  commettant  des  actes étranges et imprévisibles et répandant la vision d'une liberté éternelle pour tous les humains et toutes les créatures vivantes. »


 

« Les seules personnes qui comptent pour moi sont les fous, les fous de la vie, fous de la parole, qui veulent tout en même temps, ceux qui ne bâillent jamais et ne disent jamais de banalités, mais brûlent, brûlent comme des chandelles fabuleuses, explosent comme des araignées dans les étoiles et au centre surgit une lumière bleue et tout le monde dit « Wawww "...

 

 

 

Hey, mon vieux Jack,

t'sais qu'aujourd'hui les vagabonds

c'est pas très tendance

et les fous, c'est pas mieux.

Alors Jack,

surtout, reste bien là où t'es

parmi les étoiles sans nombre,

et si de temps en temps

il t'arrive de jeter un oeil sur nous,

pauvre de moi,

prie pour nous, Jack,

pour que la route

jamais ne se ferme...

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18 novembre 2011 5 18 /11 /novembre /2011 21:36

 

 

 

 

La blonde aspira la fumée. Ralph s'efforçait de ne pas la regarder, mais elle avait des yeux aux reflets verts qui attiraient les siens comme des aimants.

p 9

 

Ralph se donna l'ordre de ne pas faire un seul pas vers elle. Sinon ce serait la fin de tous ses rêves, la fin de tous ses espoirs d'une vie meilleure, plus propre.

p 14

 

Ralph regardait la fille, et la fille le regardait, et même s'il faisait très sombre dans cette partie de la pièce, on aurait dit qu'il y brillait une lumière plus vive qu'aucune lampe ne pourrait jamais en donner, et Ralph plongeait son regard dans ces yeux jaunes, et il savait que la fille le regardait droit dans les yeux, elle aussi. Ils ne souriaient ni l'un ni l'autre. Ralph ne se rendait pas compte qu'il ne souriait pas. Il n'était pas conscient des secondes qui s'écoulaient tandis qu'il la regardait. Longeant le mur, il s'approcha, et il se retrouva à côté du fauteuil, le regard posé sur elle. Elle levait les yeux vers lui. Il comprit qu'il la contemplait ainsi depuis longtemps. Il se demanda depuis combien de temps.

Il se rendait compte qu'il devait lui dire quelque chose, et il ne savait pas quoi. Puis il entendit une voix. Une voix douce, basse, assez vague.

- Qui êtes-vous? demanda-t-elle.

- Je m'appelle Ralph Creel,

- Et moi, Edna Daly.

Ils échangèrent un regard.

Puis, Ralph détourna la tête.

Il n'avait plus envie de la regarder. Il avait peur de la regarder.

p 79

 

 

Ralph sentit quelque chose monter dans sa gorge et l'étouffer. Se retournant brusquement, il s'éloigna en hâte de la maison. Quelques mètres plus loin, il regarda derrière lui, et sur le pas de la porte, il vit Edna, les yeux fixés sur lui. Il commença à revenir sur ses pas, puis, lentement, il refit demi-tour et s'éloigna. Il entendit une porte se fermer. Une fois
de plus, il se ravisa, et revint vers la maison. La porte était fermée. Aucune lumière ne brillait plus.

Ralph resta un moment sans bouger, à contempler la porte close et la fenêtre obscure.

Lentement, il remonta la rue.

p 113

 

 

Ralph prit donc un tram pour sortir de la ville, puis il remonta le Wissahickon. C'était l'hiver. Le ruisseau était à demi-gelé. Ralph longea la rive. Il était seul. Autour de lui, tout était sec, froid et propre. Bientôt, il oublia l'améthyste. Il avait seulement envie de longer la rive du ruisseau. Des feuilles mortes oscillaient, comme des foules en prière, autour des troncs des arbres nus. Tout était calme et immobile, à part l'eau limpide et glacée qui éclaboussait les rochers et les galets au bord du ruisseau. Ralph marcha longtemps, en contemplant le cours d'eau, les arbres, les rochers, la beauté paisible du Wissahickon et de sa vallée, et il eut envie de rester là. Il aurait voulu creuser une caverne, sous un gros  rocher, et s'y installer, tout seul, sans être vraiment seul, pourtant, car il aurait eu pour compagnie, la musique aigrelette du ruisseau, et le chant de défi des oiseaux à demi-morts de froid, qui refusaient pourtant de quitter la vallée. Dans sa caverne près du ruisseau, il se serait installé pour toujours, sans être vraiment seul, et il aurait eu tout ce dont il avait besoin.

En se rappelant cette journée, Ralph eut de nouveau envie d'être là-bas, dans la vallée près du ruisseau. Se levant, il passa devant la fenêtre et se dirigea vers la porte. Un jour, il retournerait sur les rives du Wissahickon.

 

p 119

 

On essaie de se convaincre qu'on aurait pu faire mieux que ce qu'on fait, et de temps en temps, on a une idée brillante et on essaie de la mettre en pratique. Mais ça ne marche jamais. On ne peut pas descendre d'un manège qui ne s'arrête pas de tourner.

p 195

 

 

 

L'image de fond retouchée est de Eikoh Hosoe


 

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12 novembre 2011 6 12 /11 /novembre /2011 18:35

 

 

 

 

 

 

 

Cela le frappa de plein fouet, cette prise de conscience inévitable qu'il traversait la vie avec un billet de quatrième classe.

p 28

 

Il se sentit étouffer dans cette pièce, et cette impression n'avait rien à voir avec la fumée de tabac qui emplissait la chambre. Il fit un pas en avant et sortit.

très vite il traversa le vestibule et le salon. Il ouvrit la porte d'entrée, sortit sur le perron et vit l'autre femme de la maison. C'était la fille de Lola, Bella. Assise sur la marche la plus haute, elle avait senti sa présence et tourna lentement la tête vers lui. Elle le dévisagea. Il y avait dans son regard un mélange de mépris glacial et de désir ardent.

p 38

 

"Je vous attire vraiment dit-elle, pourquoi n'admettez-vous pas que je vous attire ?"

Il avait dans la gorge une étrange sensation. Il voulait la regarder, mais il avait peur de le faire.

p 50

 

C'était comme si la rue avait des poumons et que les seuls sons qu'elle puisse produire étaient ce grognement, ce soupir, acceptant avec lassitude sa place en quatrième classe dans le monde. Là-haut, très haut, il y avait un ciel merveilleux, de fabuleuses couleurs dans l'orbite du soleil, mais ça n'avait aucun sens de regarder là-haut et d'avoir de folles pensées, des espoirs et des rêves.

p 91

 

Et quel que soit l'endroit où les plus faibles se cachaient, ils ne parvenaient jamais à échapper à la lune de Vernon. Elle les tenait pris au piège. Elle les tenait pris dans leur destin.Tôt ou tard, ils seraient mutilés, démolis, écrasés. Ils apprendraient à la dure que Vernon Street n'était pas un lieu pour les corps délicats et les âmes timides. Ils étaient des proies, c'était tout, ils étaient voués à la panse de ce mangeur toujours affamé, le caniveau de Vernon.

p 188

 

 

 

 

 

La Lune dans le caniveau est aussi un film de Jean Jacques Beineix (1983) avec Gérard Depardieu, Mastassja Kinski, Victoria Abril, Gabriel Monnet, Dominique Pinon, Vittorio Mezzogiorno.

La musique est signée Gabriel Yared

 

 

Sur David Goodis link

 

La photographie qui sert de fond est de Eikoh Hosoe link



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