Les commentaires. Cet anonymat crapuleux, litanie d'insultes obstinées,
délivrées par des incompétents. Dès qu'il les avait découverts, il avait
compris qu'il pénétrait le dixième cercle de l'enfer. Petits discours
parallèles, sourds les uns aux autres, tous mis sur le même plan,
lapidaires, hostiles jusqu'à l'écoeurement. La médiocrité avait une voix.
Les commentaires de la toile.
p 45
La vie passe, une série de capitulations.
p 100
Le portable est devenu une prothèse indissociable
des enfants.
p 109
C'est un monde, il est comme ça. Je l'ai pas inventé.
Y a pas de dignité, y a pas de douceur. Tous ceux qui
sont droits, ou qui ont de l'honneur, ou qui sont doux,
tous ceux-là ont été exterminés. Ca fait un moment
que c'est en route. Y reste que des gens comme moi.
La racaille. Les gens comme toi, je sais pas quoi te dire...
vous pouvez pas vous en tirer.
p 141
Il n'y a que les Français les plus menteurs pour imaginer
que c'est encore possible de s'entendre. Ceux qui ne voient
jamais de rats. Là où ils vivent, comme ils vivent. Il n'y a pas
d'entente possible. Il n'y aura pas de pardon. il n'y aura pas
de discussion. ceux qui ne les aiment pas ont raison. Le jour
où Yacine aura quelque chose à leur dire, il aura son couteau
sur lui. Pour le moment, c'est la guerre froide.
p 151
On reproche bien des choses aux journaux féminins
et à l'industrie cosmétique, mais on pointe rarement
du doigt le vrai ravage dont ils sont responsables :
faire croire à une nation de boudins qu'elles peuvent,
en faisant quelques efforts, avoir l'air d'autre chose
que de ce qu'elles sont. Or, rien n'est plus pitoyable
qu'une femme mal faite dans une robe voyante,
ou une grosse qui essaie de mettre ses atouts
en valeur.
p 192
Les Français ont besoin de voir des pauvres qui ne les insultent
pas. ils savent que s'ils montent dans un bus blindé pour
s'extasier sur les conditions de vie des pauvres dans
leurs banlieues, ils vont se faire brûler le bus. Ca les met
dans la détresse ; toute cette pauvreté sur laquelle ils
pourraient s'attendrir, lâcher une petite pièce et donner
leurs vieilles fringues. Mais ces pauvres là sont méchants.
Ca complique les choses, pour la charité chrétienne.
p 196
Les gens qui ne comprennent pas que les filles restent
avec un mec qui les bat ne connaissent rien aux femmes.
p 203